Bac+8 en imposture…

À l’apogée de l’imposture…

Sur le globe, 70% de la population doit y faire face au quotidien. Tout le monde en parle, et tous ceux qui l’expérimentent le vivent à leur manière. Il s’agit du grand méchant syndrome de l’imposteur.

Aujourd’hui, je vous parle de mon syndrome de l’imposteur à moi : celui du thésard.

C’est parti !

Petite définition pour grands maux

Syndrome : “Ensemble de signes, de comportements qui révèlent, manifestent un état d’esprit, une manière de penser, une certaine manière d’agir que présente une personne, un groupe, une collectivité.”

Imposteur : “Celui qui cherche à abuser autrui sur sa propre personne, en feignant les apparences de la vertu, de la sagesse, de l’intégrité, du savoir.”

Deux mots, et ensuite?

Qu’est-ce que le fameux syndrome de l’imposteur?

Bien évidemment, je pense que vous le savez déjà. On en parle absolument partout. C’est à la mode, dirons-nous.

Pourtant, de la théorie à la pratique, il y a un bon lot d’angoisses. En effet, le syndrome de l’imposteur est un manque de confiance intense.

Ressenti par une personne se sentant absolument illégitime pour occuper un poste ou prendre une position d’autorité dans un domaine qui est pourtant le sien, ce mal invisible paralyse.

Ainsi, la personne aura la sensation de n’être là que par chance ou par erreur, de ne jamais être à la hauteur. Elle aura l’impression qu’elle sera sur le point d’être démasquée par les autres d’un moment à l’autre.

Difficile de s’épanouir dans ces conditions, n’est-ce pas?

Si vous connaissez ces pensées négatives, vous avez probablement déjà expérimenté ce syndrome de l’imposteur.

Pour ma part, je le vis encore très souvent, si ce n’est tous les jours. Le syndrome de l’imposteur me colle à la peau depuis de longues années. Et oui, malgré l’expérience, les diplômes, l’âge, il ne passe pas.

Mon syndrome du thésard

En master déjà, et aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais été en confiance. Il n’est donc pas étonnant qu’en tant que doctorante, puis docteure, j’ai ressenti un lourd sentiment d’illégitimité.

Jamais assez compétente

Illégitime, pas assez intelligente, pas assez formée, pas assez douée, ou même pas assez diplomée. Ces idées ne me lâchaient jamais.

Or, quand on atteint l’ultime diplôme et qu’on ne peut plus utiliser cette excuse, on se dit que de toute façon notre faculté n’était pas la meilleure.

On se raconte aussi que notre directrice de recherche a juste été sympa. Ou que le jury voulait simplement en finir et nous a donc laissée obtenir mon doctorat.

En l’écrivant, je réalise combien c’est stupide. Mon laboratoire de recherche est un bon laboratoire. L’école doctorale également. Les chercheurs y sont reconnus dans leur domaine. Ma directrice est une excellente académicienne. Son parcours est impressionnant.

Et moi dans tout ça?

J’excellais dans les analyses de texte. J’étais reconnue par mes pairs. Et ma directrice m’a choisie sur le conseil d’un excellent professeur à la fac, alors responsable de ma section en Master.

Ma directrice m’a choisie pour mon excellence. Elle m’a soutenue. Elle m’a répété des dizaines de fois que je devais user de mes forces, de mon potentiel.

Pourtant, tout au long du parcours, je n’ai jamais pensé être à la hauteur.

Jamais à ma place

Ce sentiment d’illégitimité allait de pair avec l’impression de ne jamais être à ma place. Bien évidemment.

J’avais beau réussir avec brio, être applaudie lors de conférences, intéresser des intellectuels internationaux, je doutais sans cesse.

Je ne vous parle pas d’un léger manque de confiance.

Non.

Je parle d’une peur qui paralyse. Cette petite voix qui vous dit que vous n’êtes pas bonne et ne valez rien. Que quelqu’un dans la salle va s’en apercevoir et vous fera virer.

Face à mes étudiants, idem. Chaque cour était une épreuve durant laquelle je me disais que l’un d’entre eux irait se plaindre et que je me ferai renvoyer.

Ceci n’est jamais arrivé.

Jusqu’au bout, j’ai réussi. Malgré les difficultés. Malgré mon impression d’incompétence. Je n’ai jamais eu l’impression d’être à ma place, mais j’ai tout de même réussi, Dieu merci.

J’aurais pu m’épanouir davantage sans ce syndrome de l’imposteur. Toutefois, il m’a aidée à savoir qui je suis. Grâce à ces doutes constants, j’ai compris la différence entre dépasser ses limites pour se challenger et accepter ce que l’on est sans se faire de mal.

Apprendre ce que l’on aime vraiment, ce qui mérite que l’on se donne du mal, et, surtout, trouver sa place. Car aujourd’hui, je ne le ressens plus aussi intensément. Pourquoi? Parce que j’ai trouvé ma place.

Mon parcours m’a forgée, mais je sais que je suis bien plus heureuse dans mon métier et mes recherches que je ne l’ai été dans mes études, constamment exposée au jugement d’autrui.

Un environnement anxiogène

Le parcours doctoral a exacerbé mon syndrome de l’imposteur, et pour cause… Le souci avec la thèse c’est qu’elle est un miroir aux alouettes.

Lorsqu’on est doctorant, on a l’impression, malgré soi parfois, de faire partie d’une élite. Pourtant, au final, la seule chose dont on doit se rappeler c’est que cette expérience doit nous nourrir et non pas nous mettre la pression.

Car tout ça prendra fin un jour. Et qu’en restera-t-il? A quoi tout cela aura servi? Il faut semer de bonnes graines.

Or, la majeure partie du temps, un doctorant est sous pression. Si tant est que l’on manque un peu de confiance en soi, on se sent rarement à la hauteur. Ajoutez à ça le fait d’être tout juste sorti d’un master et issu d’une CSP qui n’a pas grand chose à voir avec la culture élitiste. ET PAF ! Ça fait des chocapics…

Comment en tirer profit?

Pour éviter de sombrer, il faut simplement prendre ce qu’il y a à prendre.

Même si, sur le coup, je n’intellectualisais pas tout ce qu’il se passait – je n’en avais clairement pas le temps – cet environnement m’aura aidée à me surpasser.

La thèse m’aura permis de faire ça, de me prouver que j’en étais capable, parce qu’on ne va pas se mentir c’est ce que l’on recherche tous, qu’on se l’avoue ou pas.

Le parcours doctoral m’aura aussi révélé mes forces, à savoir ma rigueur, mon besoin de faire les choses en temps et en heure, ma réactivité face aux nouvelles situations et aux impératifs; mais aussi les choses que je dois assouplir comme mon insatisfaction permanente concernant le travail que j’effectue, et ce fameux syndrome de l’imposteur.

Avec le recul, je sais qu’il m’a servi plus qu’il ne l’aurait fallu. S’il m’a parfois freinée, il m’a surtout donné la rage nécessaire pour avancer sans baisser les bras.

Des astuces concrètes

Bien qu’il me hante encore tous les jours – sinon ça n’est pas drôle -, j’apprends à maîtriser ce syndrome de l’imposteur au quotidien afin de ne pas le laisser me freiner dans mes avancées.

Pour lutter contre le syndrome de l’imposteur, voici donc quelques astuces utiles condensées en une infographie :

Si vous avez des doutes, l’échelle de Clance de la psychologue Pauline Rose Clance vous aidera à déterminer si vous êtes atteint ou non du syndrome de l’imposteur.

Je vous invite à partager ce contenu à une personne qui en aurait besoin. Plus on s’entraide, mieux c’est.

On se retrouve au prochain article. D’ici-là, que la motivation soit avec vous,

Nina.

4 commentaires sur « Bac+8 en imposture… »

  1. Personnellement je ne pense pas être capable de tirer profits de ce syndrome. Mais je te remercie d’avoir partager ton expérience et tes astuces ça fait toujours plaisir de te lire.

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